Le temps qui recherche un corps.
 
Son nom m’évoque les personnages de Proust, auteur cher à son cœur et dont elle partage le goût des polysémies sensorielles, des spirales temporelles et de l’intime… Milène Guermont.
Des œuvres comme des êtres, si l’on n’a pas un espace disponible à offrir, la rencontre n’a pas lieu. De loin, le béton reste une surface âpre sur laquelle butent les préjugés.
Le béton est peu utilisé en art car complexe, coûteux, voire ingrat. Mais celle qui est devenue ingénieur, pour ne laisser au hasard que ce qui lui revient, trouve la force et la douceur de le choquer. Brusques révélations d’étonnantes cartographies, des plus magiques légèretés et des plus mystérieuses douceurs. […]
Dans ce cas, il peut sembler alors plus rassurant - presque familier - de suivre le chemin emprunté dans CONCRETOGRAPHIES : celui d’une plaque mise sous presse, puis d’une feuille devenue gaufrée… Et cependant, du travail d’impression la plaque a conservé son prestige, son fantôme sur la feuille en creux ne suffit pas. L’œuvre n’est complète que dans la proximité de la pièce de béton avec le papier marqué d’une graphie née du hasard et toute faite de cratères et sillons. Le temps a passé mais le présent dure toujours, comme le rapprochement de ces deux reliefs le confirme.
Apprivoiser l’absence.
Le paradoxe est que l’accueil des œuvres de Milène Guermont par le visiteur exige une présence extrême mais l’emporte instantanément ailleurs. Comme si le temps, de ses spirales accumulées, se concentrait en un instant, à la recherche d’un corps.

 

Sophie Radix
Commissaire du Palais des enfants et programmatrice expositions au GrandPalaisRmn, 2013

 

 

 

Béton sous pression


Une feuille de papier humide est délicatement déposée sur une plaque de Béton Cratères de 2 mètres de long.
Puis, l'on dispose l'ensemble dans une presse de graveur.
Le corps à corps est très intense.
Le papier s'étire à l'extrême, il se déchire par endroits.
Le béton craque, des morceaux de sa peau s’accrochent au papier.
Le relief de l’estampe monumentale résultante est proche de celui du béton en négatif. Mais aux motifs translatés de pleins et de vides, s'ajoutent ceux créés par les gondolements du papier et par la poussière de béton qui y est désormais incrustée.
Allumé, le système d'éclairage rasant met en exergue le volume des creux et bosses du papier, alors qu'éteint ce sont surtout les nuances de gris du béton qui dessinent un nouveau paysage.

Comme entouré par des massifs alpins ou surplombé par le ciel infini, l’on ressent sa petitesse face à la MÉGACONCRÉTO pourtant si fragile.
La dimension architecturale et le caractère cartographique de cette oeuvre amplifient cette impression.



 

 

 

data-rokbox="" data-rokbox-album="MEGA" data-rokbox-caption="Détail du papier comprimé de MEGACONCRÉTO">
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Coup de Coeur de DDESSIN 2015

 

Chaque fois que l’on se remémore un souvenir, on le modifie.
C’est ce que j’illustre avec les CONCRETOGRAPHIES, qui fonctionnent en dyptique.
La première pièce est une plaque de béton posée sur une feuille de papier.
Sa surface cratérisée témoigne de mon action sur le béton au moment de la prise.
La deuxième est une feuille de papier identique, mais dont la surface est gaufrée.
C’est la marque de la plaque, provoquée par la presse.
Son relief est donc celui du béton en négatif, une traduction altérée de mon action précédente.

 

 

 

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