JAMAIS PLUS
Mémoire et matière
On parle de mémoire des matériaux au sens où ceux-ci, par leurs propriétés physiques, sont capables de retrouver, car ils en ont « pris le pli », une forme ancienne, ou de conserver une forme nouvelle.
Ils n’ont pas de véritable histoire, car celle-ci impliquerait conscience et récit, même minimal. Et même de façon générale, comme le montre Bergson dans Matière et mémoire en 1896, si la mémoire suppose un substrat matériel, comme la vie ou la pensée dont elle n’est qu’un synonyme, en revanche elle ne peut s’entendre comme une chose. C’est l’éternel problème des rapports entre le corps et l’esprit, de Descartes à Bergson et aux sciences cognitives. Et pourtant, des matériaux enregistrent la mémoire humaine, notre histoire […]
Ce que nous fait le papier des archives, le béton de Milène Guermont tente de nous le faire sur d’autres plans, faisant appel à notre expérience et à notre mémoire sensorielle, esthétique, au sens étymologique.
Depuis plusieurs années, cette artiste singulière développe des procédés technologiques complexes pour animer le plus inanimé – le règne minéral.
Émilie Bouvard
Historienne de l’art, Commissaire au Musée Picasso, 2012
Une lettre d'amour à oublier...
Quel est ce courrier sur le point d'être jeté ?
Rien n'est inaltérable ni immuable : même ce béton va plier !
Avec JAMAIS PLUS, j'ai voulu conjuguer romantisme et innovation.
En effet, pour permettre l'évocation poétique recherchée,
cette oeuvre se fonde sur un exploit technique :
un béton flexible a été spécialement développé avec pour la créer.
WAVYS
WAVY rampe et s’élève pour s’échapper de l’atelier.
Cette feuille de béton de 30 kg est parfaitement lisse sur l’une de ses faces.
Mais, quand on la retourne, elle se révèle constellée de cratères.
Cette oeuvre est l’une des illustrations caractéristiques de ma démarche sur l’ambivalence :
- design simple mais forme complexe,
- matériau brut, lourd, inerte mais évocation poétique d’une oeuvre légère et vivante,
- coulage en une fois dans un moule parfaitement lisse mais résultat différent sur chacune des deux faces,
- fabrication sérielle des oeuvres par la même technique mais pièces uniques.
PLUMES
Lors de NUIT BLANCHE 2009, il pleut dans l’église St Merri.
Il pleut du béton.
Des plumes de béton. Ces plumes qui tombent du ciel sont en Béton Cratères virtuel.
Avec cette pluie de plumes qui balaie l’église, s’instaure un équilibre fragile et contradictoire entre harmonie et chaos.
Il faut explorer tous les recoins pour découvrir plumes et anges qui frôlent tableaux, meubles, corniches :
- de larges plumes tombent brutalement ou virevoltent
- des nuages de petites plumes vibrent sous certains anges
- des "anges" parlent et battent des ailes.
Toutes les 10 minutes, la pluie se fait entendre, c’est le déluge.
Les plumes tombent en trombe, serait-ce les anges qui chahutent ?
Concept
Installation
L'oeuvre pendant Nuit Blanche
Photo